Publié par ZOELHO (c) 2006 – 2016, Paul Van Herzele PharmD

Les nouveaux-nés exclusivement nourris au sein entrent dans un état de cétose dans les 12 heures qui suivent la naissance, et les cétones obtenues assurent 25% de leurs besoins énergétiques.

L’organisme de nos ancêtres utilisait le glucose pour sa production énergétique lorsque la nourriture disponible était principalement d’origine végétale, ou il brûlait des cétones en périodes de disette ou en cas de nourriture majoritairement animale. Ils étaient donc principalement en cétose, parfois durant des mois.

Notre corps et notre cerveau se sont donc développés… avec des cétones. Mais notre style de vie actuel est complètement différent. Aujourd’hui, seuls les Esquimaux sont restés un peuple cétogène!

Cétose? Régime cétogène?

Quelques explications.

Sommaire :

La production énergétique naturelle
Les avantages
L’état de cétose nutritionnelle
Le régime cétogène
Les précautions
Côté pratique

Contenu :

La production énergétique naturelle       Top

Les muscles et les organes peuvent puiser leur énergie dans des sucres, ou directement dans les acides gras provenant soit des réserves de graisse corporelle, soit d’aliments riches en graisses.

En effet, les sucres doivent d’abord être dégradés en pyruvate (glycolyse) dans le cytoplasme, avant d’être transformés en Acétyl-CoA par voie enzymatique en aérobie dans les mitochondries (décarboxylation oxydative), ou d’une façon peu efficace dans le cytoplasme via la glycolyse en anaérobie.

Les acides gras sont le fournisseur d’énergie idéal pour toutes les cellules de notre corps (9 kcal/g de graisse vs 4 kcal/g de sucres), hormis celles du cerveau. C’est pourquoi les mitochondries des cellules nerveuses du cerveau ne sont pas conçues pour cette forme inefficace et nocive (en ce qui les concerne) de combustion des graisses, et les enzymes-clés nécessaires à la dégradation des acides gras (bêta-oxydation) ne s’y trouvent qu’en très faibles quantités. En revanche, la combustion des cétones dans les mitochondries s’avère extrêmement efficace – plus encore que celle du glucose –, très rapide et très propre car elle produit peu de ROS et de CO2 (—> poumons).

Toutefois, via le cycle de Krebs, les acides gras brûlent avec une efficacité relativement faible et de façon assez « sale » : ils ont besoin de beaucoup d’oxygène, produisent de grandes quantités de radicaux libres et d’espèces réactives liées à l’oxygène (ROS) nocifs pour les cellules (et ses mitochondries), et leur production d’énergie est relativement lente. Ces trois facteurs les rendent inaptes à fournir suffisamment vite l’énergie dont notre cerveau, organe extrêmement actif et sensible, a besoin.

Des acides gras à chaîne courte et moyenne (medium-chain fatty acid (MCFA) of MCT (Medium Chain Triglycerides ou TCM) d’origine alimentaire peuvent être traités complètement et tels quels par les mitochondries, tandis que les acides gras à chaîne longue nécessitent un porteur, la L-carnitine. Ensuite, ces acides gras peuvent être directement dégradés en Acétyl-CoA (bêta-oxydation).

En cas d’excès de sucres alimentaires, la mise à disposition pour la combustion des acides gras provenant de nos réserves adipeuses est par contre nettement plus difficile. L’ingestion de sucres inhibe en effet la capacité de l’organisme d’accéder et de brûler des graisses.

Avec l’Acétyl-CoA, la production d’ATP (notre batterie chimique) démarre. Dans les mitochondries, l’Acétyl-CoA est d’abord oxydé, libérant des électrons qui via le cycle de Krebs > la chaîne de transport d’électrons (chaîne respiratoire)> phosphorylisation oxydative > produisent des molécules ATP. Cet ATP est ensuite libéré par les mitochondries dans le cytoplasme cellulaire, prêt à être employé comme source d’énergie dans de nombreuses réactions biochimiques.

Glucose, graisses (TAG)  + O2  (poumons) —>  AcCoA  —>  ATP  +  CO2 (—> poumons)  +  H2O

En outre, lorsque la glycémie diminue (en cas de jeûne p. ex.), un déséquilibre s’installe entre la combustion d’acides gras et de sucres. En réaction, l’acide oxaloacétique (oxaloacétate) provenant du cycle de Krebs sera préférentiellement utilisé pour produire du glucose supplémentaire via la gluconéogenèse. Cette réaction freinera inévitablement le cycle de Krebs, et ensuite aussi la gluconéogenèse…

Mais lorsque la production d’Acétyl-CoA à partir d’acides gras d’origine alimentaire dépasse la capacité de conversion du cycle de Krebs, les mitochondries hépatiques sont incitées à produire à partir d’Acétyl-CoA des corps cétoniques (acétoacétate (AcAc), acétone et bêta-hydroxybutyrate (BHB)) qui passent dans le sang : c’est l’état de cétose nutritionnelle (le même phénomène se produit en cas de jeûne prolongé). Les corps cétoniques peuvent être utilisés comme carburants dans les tissus phériphériques et les organes, et traversent aisément la barrière encéphalique (à l’exception de l’acétone : n’ayant aucune signification métabolique, l’acétone volatile sera éliminée au niveau pulmonaire et donnera cette haleine fruitée bien connue chez les diabétiques (en manque de sucres) et en cas de jeûne prolongé…; voir plus loin la différence importante entre « La cétose alimentaire » et « La céto-acidose » (diabétique)).

Les cétones forment le carburant idéal pour nos cellules, y compris nos cellules cardiaques et cérébrales. En effet, la combustion de cétones dans les mitochondries est 25% plus efficace que la combustion de sucres. Sur le plan biochimique, la combustion dans les mitochondries d’1 molécule de sucres apporte 36 molécules d’ATP, tandis qu’1 molécule de graisses apporte 48 molécules d’ATP! Qui plus est, la combustion de cétones libère à nouveau de l’Acétyl-CoA, réutilisable dans le cycle de Krebs assurant une production mitochondriale accrue de NADH. Ce dernier est indispensable comme agent réducteur dans plus de 450 réactions biochimiques.

Plus une cellule a besoin d’énergie pour ces fonctions, plus le nombre de mitochondries est élevé. Des études chez l’animal en cétose ont clairement montré une élévation du nombre de mitochondries et donc d’ATP dans les cellules cérébrales.

Les mitrochondries possèdent leur propre génome (ADNmt) qui est plus fragile que l’ADN contenu dans le noyau cellulaire (ADNn). En outre, les mitochondries régulent le cycle cellulaire ((apoptose, mitose) et se chargent de l’élimination de cellules qui fonctionnent mal, des bactéries, des virus… (autophagie).  Des exotoxines telles que pesticides,  métaux lourds, radicaux libres et particules d’oxygène activées (ROS), ainsi qu’une infection virale de type herpès (CMV, Epstein-Barr…) peuvent provoquer une surexcitation et une inflammation pouvant détériorer l’ADNmt. Une dysfonction mitochondriale se trouve à la base du développement d’une maladie neurodégénérative telle que la maladie de Parkinson, mais également de la dépression et la perte de bien-être.

Les avantages       Top

Avoir assez d’énergie nous rend heureux et préserve notre santé. Un manque d’énergie par contre entraîne des troubles tels que retard mental, démence, troubles de la mémoire… Le jeûne intermittent et le régime cétogène peuvent aider à corriger la dysfonction mitochondriale grâce à l’effet anti-inflammatoire d’un état permanent de cétose. Et puisque l’inflammation chronique fait le lit de la plupart des maladies de civilisation…

  • Contrairement au sucres, les acides gras peuvent pénétrer dans les cellules sans être dépendants de l’insuline. Qui plus est, après pénétration, les sucres doivent d’abord être convertis dans le cytosol avant d’être brûlés dans les mitochondries. Les acides gras par contre peuvent être brûlés directement dans les mitochondries, présentant un meilleur rendement par molécule (l’acide BHB est un composé plus énergétique que le pyruvate).
  • Et lorsque l’on met suffisamment de matières grasses à disposition d’un organisme, comme c’est le cas dans le cadre d’un régime pauvre en glucides et riche en matières grasses ou d’un régime cétogène, les muscles retrouvent de l’énergie – y compris en cas d’insulinorésistance avérée. Tous les sportifs d’endurance connaissent ce phénomène : c’est le mode « brûlage de graisses » qui permet de courir un marathon sans être obligé d’absorber en permanence des aliments très riches en sucre. Après une période d’adaptation durant 2 à 4 semaines, l’endurance physique ne semble pas influencée par l’état de cétose nutritionnelle . Qui plus est, l’état de cétose permet l’inhibition de la dégradation protéique : en effet, les cétones, structurellement semblables à des acides aminés branchés (BCAA), seront brûlés préférentiellement (entraînant des taux sanguins plus élevés de ces acides aminés tels que la leucine, importants pour la création de masse musculaire).

Un régime cétogène ne déclenche pas un état hypoglycémique. En effet, les graisses jouent un rôle important dans la suppression des hypersensibilités alimentaires et dans la survenue de troubles de la glycémie. L’absence de déclencheurs (histamine, fructose…) limitera l’envie de sucrerie. Toutefois, avec un régime pauvre en graisses, l’organisme risque, après une perte de poids,  de réagir plus fortement sur des déclencheurs alimentaires et de subir plus fréquemment des états hypoglycémiques, et donc des envies de sucreries, lorsque des glucides sont réintroduits dans l’alimentation (effet jojo).

Les cétones n’entraînent pas de glycosylation, ni de radicaux libres ou de ROS, et donc pas d’inflammation, mais peuvent être brûlées directement. Contrairement au glucose, les cétones n’excitent pas le cerveau puisqu’elles stimulent la production de GABA (un inhibiteur cérébral, un type de Valium° naturel). C’est la raison pourquoi les cétones calment les douleurs, présentent un effet anti-inflammatoire général (beaucoup de maladies naissent dans un environnement pro-inflammatoire) et aident même en cas d’affections neurologiques telles que l’épilepsie (la surexcitation étant la cause). Toutefois, ces propriétés bénéfiques de cétones ne s’appliquent que lorsque la glycémie est basse…

Un régime cétogène est soutenu par le jeûne intermittent et par l’entraînement d’endurance. Les deux stimulent la production de corps cétoniques et maintiennent ainsi l’état de cétose.

  • Des cellules saines et cancéreuses présentent sur leur membrane extérieure des protéines GLUT-1 qui agissent comme transporteurs de glucose : ils assurent le transport de glucose à travers de cette membrane. En cas de déficit en glucose, les cellules saines possèdent la capacité d’augmenter le nombre de GLUT-1 à leur surface, afin d’optimiser l’absorption de glucose. Par contre, dans de telles situations, les cellules cancéreuses perdent des GLUT-1! Donc même avec un régime 100% sans sucres, lorsque uniquement la gluconéogenèse est capable de produire un peu de glucose, les cellules cancéreuses ne peuvent pas vraiment profiter de cette opportunité!
  • Un régime cétogène peut avoir un impact thérapeutique dans le traitement de  : spasmes infantiles, épilepsie, autisme, tumeurs cérébrales, Alzheimer, SLA (Sclérose latérale amyotrophique), dépression, ACV, Traumatisme crânien, Parkinson, migraine, troubles du sommeil, schizophrénie ( chez la souris), angoisses, TDAH, irritabilité, syndrome d’ovaires polykystiques, syndrome de l’intestin irritable (IBS), reflux gastro-œsophagien, obésité, maladie cardiovasculaire, acné, diabète de type 2, trémulations, , insuffisance respiratoire, presque toutes les affections neurologiques, mais également le cancer et toutes les circonstances dont les tissus ont besoin d’aide après avoir été exposés à un manque d’oxygène .

Des jeûnes prolongés sont connus pour réduire l’inflammation. Selon des études, les corps cétoniques (BHB) sont capables d’inhiber l’activation de l’inflammasome, un complexe protéique responsable de la réponse immunitaire impliquée dans de nombreuses maladies auto-immunitaires. Les corps cétoniques n’inhibent pas l’activation de la caspase-1 qui intervient en réponse à l’apparition de pathogènes. Autrement, la protection immunitaire reste active .

 

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Les cellules cancéreuses se nourrissent principalement de sucres sans oxygène (Effet de Warburg :  une glycolyse anaérobie suivie d’une fermentation lactique dans le cytosol, au lieu d’une glycolyse partielle suivie d’une oxydation du pyruvate dans les mitochondries). Dans l’oncologie, on exploit cette propriété en administrant des sucres radioactifs. Cette technique permet de détecter des métastases cancéreuses (PET-scan). Le régime cétogène est une méthode thérapeutique complémentaire basée sur cette propriété.

Les malades du cancer ont besoin de quantités particulièrement importantes de matières grasses pour préserver leur masse musculaire et conserver suffisamment de force physique. En effet, le cancer modifie le métabolisme de telle façon que les muscles réagissent moins bien au signal de l’insuline. À l’instar des diabétiques, les malades du cancer deviennent ainsi insulinorésistants, ce qui a pour conséquence d’amoindrir de plus en plus la capacité de leurs muscles à exploiter le sucre comme source d’énergie. Lorsque leurs cellules manquent de sucre et ne disposent pas, en compensation, de suffisamment d’acides gras, les personnes s’affaiblissent et s’épuisent vite. Cette situation, les malades du cancer sont malheureusement nombreux à la connaître.

Lorsqu’on ne fournit pas de sucre à l’organisme, ce sont les cétones qui fournissent au cerveau l’énergie dont il a besoin. Les cellules cérébrales sont très friandes de ces cétones grâce auxquelles elles sont particulièrement performantes – c’est peut-être pour cela que le régime cétogène est souvent très efficace chez les épileptiques, dont les crises diminuent ou disparaissent même tout à fait.

L’état de cétose nutritionnelle       Top

La production de cétones est souvent associée au jeûne. Pourtant avec un régime riche en graisses et en absence de sucres, il est possible de produire des cétones à partir de graisses.

Il est parfois difficile d’obtenir un état de cétose stable. Il nécessite une approche individuelle. Vous devez tester et noter chaque jour l’évolution de votre taux de glucose (glycémie) et de bêta-hydroxybutyrate (BHB) dans le sang.

Mais comment débuter?

  1. Déterminer l’état de cétose :

3 Types de cétones peuvent être déterminés : l’AcAc (en particulier dans l’urine), l’acide BHB (en particulier dans le sang) et l’acétone (dans l’haleine).

La mesure de l’AcAc dans l’urine est facile mais n’est pas très précis (Ketostix).

La mesure de l’acide BHB dans le sang est préférable. L’acide BHB représente 78% des cétones présentes dans le sang. Un état de cétose est caractérisé par des valeurs BHB entre 1 et 3 mmol/l de sang. Des valeurs BHB entre 4 et 7 mmol/l pourraient freiner la croissance tumorale, l’angiogenèse et l’inflammation et favoriser l’apoptose.

Un état de cétose, associé à une faible glycémie et une faible insulinémie, est parfaitement naturel et sain. Des appareils qui mesurent les taux de sucres et de cétones dans une goutte de sang : Precision Xtra (Abbott), Freestyle Optium Neo (Abbott),  Nova Max Plus (Nova), GlucoMen LX plus (Menarini)…

Mesurer le taux de cétones dans l’haleine (acétone) est possible chez soi avec le Ketonix°.

Note :

Il est recommandé de ne pas déterminer l’état de cétose et/ou la glycémie immédiatement après un effort physique considérable. Lors d’un effort physique intense, le foie libère en effet du glucose, influençant temporairement la production de cétones. Mais après quelques heures, la glycémie régresse et le niveau de cétones se rétablit spontanément.

  1. Déterminer son propre seuil de tolérance aux hydrates de carbone (STHC) :

Le STHC diffère selon la personne. Certains athlètes peuvent maintenir un état de cétose avec 100g d’hydrates de carbone (HC) par jour. La plupart des gens nécessitent moins de 50g d’HC/jour pour maintenir leur état de cétose. En cas de syndrome métabolique, la limite de cétose est encore plus basse : moins de 30g d’HC/jour. Il est recommandé de débuter avec 20g d’HC/jour, afin d’assurer son entrée en cétose. Ou débuter avec de l’eau, que de l’eau! Augmenter ensuite la dose journalière d’HC avec 5 à 10g pendant une semaine. En cas de sortie de cétose, il suffit de reprendre la dose de la dernière semaine en cétose…

Jeûner durant 3 à 5 jours (que de l’eau) ne posera aucun problème chez une personne encore en bonne condition physique. Des symptômes de sevrage peuvent s’observer mais sont sans danger : tête légère, nausées, maux de tête…

Mais chez la personne fragile, une introduction progressive d’un régime cétogène sera nécessaire. Toutefois, dans le traitement d’un cancer, le but primaire doit être un apport glucidique < 12g par jour, avec une limitation de l’apport protéique à 0.8 – 1.2g/kg de poids corporel (voir plus loin).

Mais attention, il ne suffit pas de manger peu de sucres. Il est préférable d’éviter au début tous les sucres. Et même dans ce cas, l’organisme a besoin de 2 à 6 semaines avant de pouvoir migrer d’une combustion de sucres vers une combustion de graisses. Seulement à ce moment, les taux de cétones (BHB) à jeun s’élèveront à des valeurs supérieures à 0.5.

Simultanément, les taux de glycémie régressent progressivement vers des valeurs inférieures à 100, ou même jusqu’à 50mg/dl, inversement proportionnel à la concentration de cétones qui, avec un peu de retard, s’élèvera lentement. Une diminution des taux d’HbA1c a également été observée.

Rester en mouvement est recommandé. Toutefois éviter le sport, parce que l’acide lactique produit lors de l’effort physique peut être converti en glucose (gluconéogenèse)!

  1. Déterminer son propre seuil de tolérance de protéines (STP) : max. 30g/repas, max. 140g par jour.

Remplacer des sucres par des graisses (et non par des protéines), c’est l’essentiel du régime cétogène! Si un apport en HC de 20g/jour ne permet pas l’entrée en cétose, il est conseillé de diminuer son apport en protéines, et augmenter son apport en graisses. En effet, puisque l’organisme ne peut pas stocker un excès de protéines, il les transformera en glucose via la gluconéogenèse. Empêchant ainsi l’entrée en cétose de l’organisme…

En état de cétose, le foie assure une production minimale mais suffisante de glucose via la gluconéogenèse. Une conversion minimale de protéines via la gluconéogenèse fournira une quantité suffisante pour assurer la fonction thyroïdienne.

Débuter avec 20g d’HC par jour + 1g de protéines par kg de poids corporel par jour; tester ensuite votre état de cétose.

  1. Déterminer son apport de graisses :

Lorsqu’on évite les sucres dans son alimentation, un apport plus élevé de graisses est indispensable afin de calmer la sensation de faim. Le régime cétogène est un régime riche en graisses (80 à 85% des calories fournies)! En effet, des bonnes graisses devront compenser la plus faible consommation de hydrates de carbone et de protéines. Manger des graisses jusqu’à satiété. Pas plus. Avec un régime cétogène, pas de frustrations ni de petits faims! Il n’est même plus nécessaire de manger plus de 1 ou 2 fois par jour…

Quelles sont les « bonnes » graisses?

En absence de sucres, l’organisme préfère comme carburant des acides gras saturés à chaîne courte et moyenne (MCT), et d’acides gras mono-insaturés. Les MCT se trouve dans : vrai beurre, ghi (beurre clarifié), crème aigre, huile de noix de coco, viande (pas maigre), produits laitiers entiers fermentés tels que fromages, yaourt grecque (Yiaourti)… Sources d’acides gras mono-insaturés : avocats, huile d’olive, noix (de pécan et de macadamia)…

  • Dès que l’organisme se trouve dans un état de cétose stable, le jeûne intermittent durant 16 à 24 heures devient facile à appliquer (ce qui booste la production des cétones). Afin de perdre du poids, il suffit de limiter l’apport des graisses via l’alimentation, afin de pousser l’organisme à puiser dans ces propres réserves adipeuses.  D’autre part, pour gagner de la masse musculaire, bouger suffisamment est impératif!
  • Dans le traitement de cancer, un régime cétogène « avec restriction calorique » est recommandé. Seule une réduction calorique supplémentaire (diminution des graisses) pourrait réduire la glycémie suffisamment rapide, limitant ainsi la croissance tumorale.
  • Un régime cétogène exerce une activité diurétique. Prudence donc en cas de traitement concomitante d’antidiurétiques et de risque de déficits en électrolytes.
  •  Normalement le patient maigrira avec régime cétogène (avec ou sans restriction calorique). Sauf que la perte du poids représente ici une réponse métabolique sur une restriction calorique. Par contre, la perte du poids lors d’une radiothérapie ou d’une chimiothérapie est provoquée par ses effets toxiques et par les effets du traitement sur l’appétit. L’ingestion de boissons énergétiques pourrait alors favoriser la croissance tumorale…  
  • L’administration de cortisone pour réduire l’inflammation risque d’élever la glycémie, ce qui nourrit la tumeur et favorise donc sa survie!
  • Seulement en testant tous les jours, vous savez déterminer et maintenir votre propre réponse cétogène. Au début, 2x par jour : le matin à jeun les taux de cétones et le soir, 4 heures après le dernier repas, la glycémie.

Il peut être intéressant de tester également le niveau des triglycérides (entre 70 – 100) : des niveaux élevés montrent une alimentation trop riche en sucres! En évitant tous les sucres, le niveau des triglycérides diminuera progressivement.

En outre, les valeurs sanguines de HDL-cholesterol augmenteront et les valeurs de CRP (degré d’inflammation) se normaliseront (Voir : « Nutribilan« ).

Matière trop compliquée? : d’autres personnes peuvent vous aider : www.flexibleketogenic.com et des recettes cétogènes sur The Charlie Foundation et Ketogenic Diet Resource.

Quelques livres en français : « Céto-cuisine« , « Le régime cétogène contre le cancer« .

Le régime cétogène       Top

Ce sont généralement des personnes « informées », qui ont lu des livres, des articles de presse qui parlent du régime cétogène ou qui connaissent quelqu’un qui suit ce régime. Certaines personnes souhaitent simplement optimiser leur santé en le suivant. Et il y a aussi les patients ayant eu un diagnostic de cancer mais pas seulement.

Le régime cétogène réduit le nombre de calories produit par la combustion de sucres jusqu’à  5 à 10%, par la combustion de protéines jusqu’à 10 à 15% et augmente le nombre de calories apporté des graisses jusqu’à 75 à 80%.

Le régime cétogène est donc un mode d’alimentation isocalorique très riche en matières grasses (p. ex. H05 – G75 – P20, correspondant à un ratio 3:1 ou 4:1 entre Graisses et le couple Protéines + Hydrates de carbone), principalement composé de

    • des bonnes graisses saturées et insaturées (huile de noix de coco, huile d’olive, beurre, oeufs, avocats, noix… et en évitant les huiles végétales traitées riches en acides gras oméga6)
      • la partie glycérol des triglycérides (majoritairement à chaîne moyenne) est ensuite utilisée dans la production de glucose (gluconéogenèse).
      • le glycérol est un sucre (triose) … qui transporte des acides gras!
      • grâce à la gluconéogenèse, l’organisme produit lui-même du glucose, même avec un régime 100% sans sucres!
      • avaler trop de graisses peut donc aussi élever la glycémie!
    • les acides gras seront convertis en corps cétoniques
    • et d’un apport limité de protéines en général (1g/kg de poids corporel = 50 à 70g de protéines par jour, afin de ne pas charger trop les reins),
      • en particulier pauvres en acides aminés branchés (afin d’inhiber la voie métabolique mTOR puisqu’un excès de protéines peut augmenter le risque de cancer)
      • et très pauvre en glutamine (des cellules cancéreuses peuvent utiliser la glutamine comme source éventuelle de glucose via la gluconéogenèse). Des suppléments de corps cétoniques (p. ex. l’huile de noix de coco) peuvent stimuler cette voie métabolique. Il serait possible d' »affamer »  un cancer avec un tel régime.

Un régime cétogène et « pauvre en calories » se compose donc de suffisamment de graisses (juste assez), d’un apport limité de protéines (pauvres en acides aminés branchés et en glutamine) et peu d’hydrates de carbone. Ce type de régime provoque la production de corps cétoniques, combustion exclusive de cellules saines! Ce type de régime est donc particulièrement conseillé dans le traitement du cancer!

Prudence : aussi bien la radiothérapie que la chimiothérapie provoquent une nécrose et inflammation tissulaire, pouvant augmenter les niveaux de glutamate dans les tissus. Après sa conversion en glutamine, les cellules tumorales survivantes et les TAM (tumor-associated macrophages/monocytes) peuvent l’utiliser comme source d’énergie et pour leur croissance (via la phosphorylation du substrat) .

Un tel régime fait régresser la glycémie normale à jeun de 100mg/dl de sang vers des valeurs glycémiques de 55-65mg/dl, tandis que les niveaux de corps cétoniques (bêta-hydroxybutyrate, acétoacétate, acétone) augmentent considérablement, puisque la combustion de graisses domine maintenant. Le foie produit des cétones à partir des matières grasses à chaque fois que l’organisme a jeûné durant plus d’une journée, ou qu’il a absorbé une quantité suffisante de calories issues de matières grasses sans que celles-ci ne soient accompagnées de glucides. Parmi les cétones, on compte l’acétoacétate (acide acétylacétique), l’acétone (que l’on élimine en expirant et qui produit une odeur fruitée lorsqu’une personne se trouve soudain en forte cétose), et l’acide bêta-hydroxybutyrique (chimiquement parlant, ce dernier n’est pas une cétone, mais sur le plan physiologique, il est assimilé aux cétones car il apparaît partout où il y a production d’acétoacétate).

Le jeûne devient alors une réponse naturelle à des taux accrus de cétones. Manger (suffisamment) 1 x par jour devient naturel et soutient le jeûne intermittent. Jeûner en renonçant complètement à toute nourriture n’est pas nécessaire. Chacun doit déterminer quand et combien il doit manger pour se sentir bien.

La faim est une sensation subjective. Vous avez faim ou envie de sucres? Préférer des graisses et des protéines.

Les précautions    Top

Un régime cétogène peut lancer en quelques jours la production de cétones. Parfois, plusieurs semaines seront nécessaires. Il est recommandé d’éviter toutes les sources d’hydrates de carbone. Donc également les fibres. Chacun doit tester comment son organisme réagit sur certains aliments, s’il supporte bien les fibres…

En particulier les diabétiques de type 2 et les patients très insulino-résistants peuvent rencontrer des problèmes pour entrer en cétose. La metformine (médicament) peut les aider. Parfois des préparation à base de cannelle suffisent.

Chez les personnes qui entrent facilement en cétose, il est possible de maintenir la cétose durant la semaine et de manger le WE à l’ancienne sans restriction de sucres et de protéines. Chacun doit déterminer ce qui est bon pour lui. Par contre, si vous avez des problèmes pour entrer en cétose, restez y. Vous pouvez vivre sans problèmes continuellement en cétose.

Tous les corps cétoniques sont acides. Normalement, le sang est capable de tamponner ces acides afin de maintenir son pH dans des limites normales. C’est le cas dans l’état de cétose nutritionnelle.

    • la cétose nutritionnelle : état de faible métabolisme glucosique, caractérisé par une glycémie basse, une insulinémie basse et des taux sanguins élevés de cétones (< 9 mmol/l). Dans une situation de faibles taux de glycémie, la cytotoxicité de la metformine augmente .
    • la céto-acidose (ou acidocétose) : état de métabolisme glucosique intensif caractérisé par une glycémie très élevée (> 250 mg/dL), associée à des valeurs sanguines très élevées de cétones (15 – 20 mmol/l), se présentant quasi exclusivement chez les diabétiques de type 1 (causes : en cas de déficit en insuline (et/ou insulinorésistance), le glucose n’arrive pas à entrer dans les cellules, poussant l’organisme à produire des cétones comme combustion alternative) ; En cas de valeurs BHB > 20 mmol, un coma  entraînant en quelques heures le décès peut survenir).  

L’acidocétose, relativement rare aujourd’hui, se manifeste par une soif intense, des urines fréquentes et abondantes et divers signes digestifs (douleurs abdominales, nausées, perte d’appétit). On note aussi, chez ces patients, une haleine à l’odeur de pomme, très particulière.

Une céto-acidose plus ou moins marquée peut aussi être provoquée par des efforts physiques intenses et par des abus d’alcool.

La cétose nutritionnelle est donc complètement à l’opposé d’un état diabétique grave!

TOUTEFOIS : le régime cétogène peut causer certains problèmes, si bien qu’il est fortement déconseillé de le suivre sans surveillance médicale.

    • un régime cétogène est uniquement indiqué chez la personne motivée, disciplinée et en relative bonne santé. L’accompagnement, l’engagement et le support, aussi de la famille, sont indispensables.
    • les premières semaines, il peut provoquer une très forte fatigue, des étourdissements, des nausées et des céphalées,  le corps ayant besoin de s’habituer à ce nouveau fonctionnement sans réserves de sucres. On a constaté des symptômes d’allergie et des douleurs, lors de la mise en cétose, mais ils disparaissent après.
    • le régime cétogène peut entraîner une hyperlipidémie (cholestérol, triglycérides) qui s’inverse à l’arrêt du régime, une perte de poids corporel, des troubles intestinaux (une diarrhée par déficit en fibres (possible de combler avec de l’ispaghul (psyllium) ou de la pectine), des céphalées, des étourdissements (pertes de sodium) et des crampes musculaires (déficit en potassium étant donné la privation de fruits et légumes riches en sucres).
    • sont toutefois autorisés, les légumes pauvres en sucres (tels que : chou vert, asperge, aubergine, concombre, brocoli, céleri, laitue, poireau, cresson…) et fruits pauvres en sucres (tels que : avocats), ainsi que toutes les graisses, viandes, volailles, poisson, œufs, fromage, crème, noix…
    • le régime cétogène est incompatible avec une corticothérapie (utilisée dans le traitement de symptômes relatifs au cancer, tels que oedème, paralysie, appétit…). En effet, les corticostéroïdes empêchent d’obtenir des niveaux glycémiques suffisamment bas. En outre, ils accélèrent à terme la croissance tumorale.
    • le régime cétogène est incompatible avec des efforts physiques intenses (de courte durée), parce que ces efforts peuvent inciter les muscles à libérer du lactate et des acides aminés tels que la glutamine, sources éventuelles de glucose. Toutefois, des résultats performants ont été obtenus avec le régime cétogène dans les sports d’endurance .

Note : Le régime « Warrior » d’Ori Hofmekler est un régime pauvre en glucides et riche en graisses basé sur le jeûne intermittent, et utilisé dans des milieux sportifs (e.a. par l’équipe national de rugby de la Nouvelle Zélande, Les AllBlacks, vainqueur de la coupe mondiale du rugby en 2015).

    • le régime cétogène est en général instauré avant l’extraction chirurgicale de la tumeur, si son développement permet d’attendre (« Watchful waiting »). La diminution de l’inflammation et de vascularisation de la tumeur et des tissus limitrophes, ainsi que la réduction tumorale grâce à un régime cétogène permettent une meilleure délimitation de la zone à extraire. Qui plus est, après l’intervention chirurgicale, le régime cétogène permettra de réduire les effets toxiques de la chimiothérapie.
    • le régime cétogène avec « restriction calorique », utilisé e.a. dans le traitement du cancer (rapport Graisses / (Hydrates de carbone + Protéines) = 3:1 ou 4:1 accompagné d’une restriction calorique jusqu’au BMR moins 25 – 35% à calculer avec le BMR-calculator) n’est pas adapté à des jeunes enfants : risque de retard de croissance! Un régime cétogène normale (sans restriction calorique) a été utilisé avec succès chez l’enfant dans e.a. le traitement de l’épilepsie.

Le jeûne intermittent (voir « La restriction calorique« ) peut vous aider à vous habituer à un régime cétogène.

Côté pratique       Top

Valeurs sanguines recommandées :

  • pas plus que 55-65 mg/dl de glycémie (less is better)
  • en moyenne 3 – 5mmol/l de cétones (au moins 1 – 3 mmol/l, et dans le traitement d’un cancer : 4 – 7 mmol/l)

Un suivi hebdomadaire est conseillé de : lipides sériques, glucose, cétones, insuline, protéines.

Passer d’une alimentation classique à une alimentation cétogène riche en matières grasses c’est un bouleversement des habitudes. Dans les cas où un régime 100 % cétogène n’est pas imaginable pour le patient (parce qu’il ne veut pas, par exemple, se priver d’un verre de bière occasionnel ou de fruits), il est recommandé d’avoir au moins recours, soit à un régime pauvre en glucides et riche en matières grasses de type Atkins, soit au régime à base d’aliments à faible IG (max. 80g de glucides par jour) : ils seront en tout cas plus bénéfiques pour le patient que l’alimentation dite « saine » prônée par les organismes officiels, qui limite la plupart des graisses.

Même lorsque l’on suit depuis longtemps un régime pauvre en glucides et que l’on est convaincu de bien savoir évaluer la teneur en glucides des aliments, il arrive souvent que l’on se trompe dans ses estimations. Conséquence : certains repas dépassent la quantité de glucides visée (régime cétogène : max. 20g de glucides par jour).

Il est impératif de :

    • peser les portions de vos aliments.
    • contrôler leur concentrations en glucides : parce qu’on ne respecte déjà pas les critères du régime cétogène (max. 20g de glucides par jour) avec une portion de fromage blanc au petit déjeuner puis deux repas riches en légumes! Même lorsque l’on évite les légumes les plus riches en glucides, les repas en contiennent souvent encore trop ou, en tout cas, ne respectent pas la bonne répartition nutritionnelle (H05 à 10 – G70 à75 – P20).
    • accompagner tous les aliments de matière grasse, beurre, huile… : faire attention à acheter des graisses ayant un bon rapport oméga-6/oméga-3 et de bonne qualité.
    • compenser les pertes éventuelles en sodium et potassium avec p. ex. un bouillon… : afin d’éviter la survenue de céphalées suite à une perturbation du bilan électrolytique. Les avocats sont également une bonne source de potassium (les bananes sont trop sucrées)..
    • compenser des pertes de magnésium (crampes musculaires…) avec : épinards, noix, amandes, poisson, chocolat noir sans sucre…
    • boire suffisamment d’eau : l’eau aide à relaxer et contracter les muscles

Des suppléments de vit B’s, D, E, de calcium, d’acides gras oméga3 … peuvent être indiqués et doivent assurer un apport équilibré en nutriments.. Mais prudence : certains suppléments peuvent élever les taux de glucose dans le sang!

Le test du taux de cétones sanguin, conçu à l’origine pour identifier une éventuelle acidocétose chez les diabétiques, est plus fiable et plus pertinent que le test urinaire (bandelettes). Il donne en effet un chiffre correspondant assez précisément au taux réel de cétones sanguines, quelle que soit la quantité de liquide absorbé, etc. Grâce à ce test, il y a moyen de vérifier si on se trouve durablement en cétose, ce qui motive fortement pour continuer.

Il est vivement conseillé de faire appel à un nutritionniste pour un meilleur soutien autour de ce régime.

Le régime cétogène n’est pas une partie de plaisir, mais peut vous faire du bien!

Voir aussi : « The Charlie Foundation for Ketogenic Therapies » avec des recettes.

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