Les conseils nutritionnels du Dr Servan-Schreiber dans Anticancer sont-ils pertinents ? A l’occasion de l’anniversaire de sa disparition, LaNutrition.fr fait le point.
Le 24 juillet 2011 disparaissait David Servan-Schreiber. Ce médecin humaniste, qui fut très proche de LaNutrition.fr (qu’il consultait régulièrement), a énormément contribué à faire connaître au grand public de nombreux concepts nutritionnels novateurs.
Dans Anticancer, David Servan-Schreiber détaillait les moyens de prévenir et lutter contre le cancer à différents niveaux, notamment au plan alimentaire, en s’appuyant sur les dernières avancées de la recherche scientifique. Côté nutrition, qu’est-ce qui a évolué depuis la parution d’Anticancer ? David Servan-Schreiber avait-il vu juste dans ses préconisations ?
« Le cancer se nourrit de sucre »
C’est la première chose que David Servan-Schreiber écrit sur les liens entre alimentation et cancer: que le métabolisme des cellules cancéreuses dépend de leur consommation de glucose, un phénomène décrit comme effet Warburg du nom de son découvreur, le Prix Nobel Otto Warburg. Et c’est sûrement ce point que la recherche a le plus confirmé depuis: l’effet Warburg est observé dans 60 à 80% des tumeurs. De quoi s’agit-il ? Contrairement aux cellules saines, de nombreuses cellules cancéreuses (dont celles du glioblastome, le cancer auquel David a succombé) se développent en avalant d’énormes quantités de glucose, sans consommer d’oxygène, par simple fermentation. D’où l’idée, expérimentée par plusieurs centres de recherche, d’«affamer le cancer», donc de contrôler la croissance des tumeurs. Cette approche « métabolique » est celle retenue par le Dr Laurent Schwartz en France. Elle est poursuivie par ceux qui explorent les effets du régime cétogène. Très pauvre en sucre, riche en graisses, il pourrait améliorer le pronostic de certains cancers, de pair avec les traitements classiques. D’autres travaux, ciblant le sucre, ont trouvé le sucre est pro-inflammatoire et que cette inflammation qui fait croître les tumeurs. Mais les études cliniques sont encore rares et on ne sait pas si, en diminuant l’accès au glucose des cellules cancéreuses, elles ne se tourneraient pas vers d’autres sources d’énergie.
Lire aussi : « Le régime cétogène est encore trop peu connu des malades du cancer »
Si le régime cétogène est assez draconien, et donc plutôt réservé aux malades, vous pouvez adopter en prévention une alimentation de type « low carb » (régime Atkins, ou un régime à index glycémique (IG) bas). En effet, comme l’explique le Dr Servan-Schreiber cette dernière permet de lutter contre l’inflammation. Une affirmation largement confirmée depuis Anticancer, notamment dans une étude récente.
Plusieurs études ont aussi établi un lien entre aliments à IG élevé et cancer. Une étude américaine qui vient d’être publiée a également associé la consommation d’aliments à IG élevé (donc riches en sucres raffinés) au risque de cancer des poumons (1).
Les oméga-3 et l’inflammation
David Servan-Schreiber a été l’un des principaux artisans de la popularisation des oméga-3 en France, via son livre Guérir. S’il en a d’abord découvert les vertus sur le cerveau et l’humeur, il a expliqué dans Anticancer comment ces acides gras particuliers, contenus dans le lin, les noix (et leurs huiles) et les poissons gras (sardines, maquereaux, harengs, etc.) s’opposaient à l’inflammation due à une trop grande consommation d’oméga-6 (les graisses trouvées dans les huiles de tournesol, de maïs et dans les viandes).
C’est pourquoi David Servan-Schreiber conseillait dans Anticancer d’augmenter la part d’oméga-3 dans l’alimentation (notamment par l’utilisation d’huile de colza) et de diminuer les oméga-6.
Depuis les études ont montré que les vertus anti-inflammatoires des oméga-3 pourraient être utiles dans les cancers, notamment celui de la prostate. Ainsi les malades qui consomment le plus de poissons gras ont des chances de survie plus importantes et de meilleurs marqueurs de l’inflammation que les autres (2). L’acide docosahexaénoïque pourrait aussi aider à diminuer les tumeurs du sein (3).
Le curcuma, l’épice indispensable
Epice anti-inflammatoire et antioxydante, le curcuma possède de nombreuses vertus santé, et anticancer en particulier. « En laboratoire, la curcumine [la substance active du curcuma] inhibe la croissance d’un très grand nombre de cancers : côlon, foie, estomac, rein, ovaire et leucémie par exemple » écrit le Dr David Servan-Schreiber dans Anticancer. Les propriétés anticancer du curcuma sont régulièrement mises en avant dans la littérature scientifique. Elles seraient dues à l’effet de la curcumine sur les cytokines inflammatoires, et sur les espèces réactives de l’oxygène (4). Le curcuma préviendrait à la fois l’apparition, la croissance et la propagation des tumeurs.
La recommandation de David Servan-Schreiber reste donc toujours d’actualité : mélanger ½ c. à c. de curcuma à du poivre noir et un peu d’huile et l’ajouter sur ses salades ou ses légumes cuits (au moins une fois par jour).
Lire aussi : Le curcuma va-t-il nous sauver des maladies chroniques ?
Les crucifères, anticancer par excellence
« Les choux (de Bruxelles, chinois, brocolis, choux-fleurs, etc.) contiennent du sulphoraphane, des glucosinulates des indole-3-carbinoles qui sont de puissantes molécules anticancer » écrivait le Dr Servan-Schreiber. Depuis, les études épidémiologiques, d’observation, in vitro… continuent régulièrement à trouver des vertus anticancer aux choux. A consommer de préférence cuits à la vapeur ou passés rapidement au wok avec un peu d’huile pour bénéficier au maximum de leurs précieuses et fragiles molécules.
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Les fruits rouges, toujours en course ?
Une des manières de contrer la prolifération des cellules cancéreuses est d’empêcher la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Et parmi les molécules les plus prometteuses contre l’angiogenèse se trouve l’acide ellagique, une substance que l’on trouve dans la framboise et la fraise. « L’acide ellagique s’est révélé potentiellement aussi efficace que les médicaments connus pour ralentir la croissance des vaisseaux » est-il écrit dans Anticancer. Que dit la recherche depuis ? Des études sur les effets antiprolifératifs de l’acide ellagique continuent d’être publiées. Malgré tout il semble que les résultats prometteurs in vitro et sur les animaux aient du mal à être reproduits dans les études cliniques. Affaire à suivre donc.
En attendant il n’y a pas grand-chose à perdre à manger des fruits rouges et au contraire il y a même de bons antioxydants à y gagner.
Le soja, loin des polémiques
Les isoflavones du soja (génistéine, daidzéine, glycitéine…) agissent contre le cancer en bloquant l’angiogenèse. De par leurs propriétés estrogéniques, ils peuvent servir aussi à prévenir le cancer du sein mais il faut consommer du soja depuis l’adolescence pour bénéficier de ses vertus protectrices.
Le « lait » ou jus de soja permettrait aussi de prévenir le cancer de la prostate selon une étude récente. Consommer du soja sous ses différentes formes reste donc un bon réflexe si l’on veut se prémunir du cancer.
Pour en savoir plus, lire : Le soja : ce qu’il peut faire pour votre santé (abonnés)
En conclusion, les conseils nutritionnels du Dr Servan-Schreiber restent de bonne facture et ont été largement confirmés depuis la parution de son livre.
Lire aussi : Cancer : vers un progrès décisif?
Source : http://www.lanutrition.fr/
Références
(1) Rochman S. : High Glycemic Index Associated With Increased Lung Cancer Risk.J Natl Cancer Inst. 2016 Jul 2;108(7).
(2) Aucoin M, Cooley K, Knee C, Fritz H, Balneaves LG, Breau R, Fergusson D, Skidmore B, Wong R, Seely D. : Fish-Derived Omega-3 Fatty Acids and Prostate Cancer: A Systematic Review. Integr Cancer Ther. 2016 Jun 29. pii: 1534735416656052.
(3) Yun EJ, Song KS, Shin S, Kim S, Heo JY, Kweon GR, Wu T, Park JI, Lim K. : Docosahexaenoic acid suppresses breast cancer cell metastasis by targeting matrix-metalloproteinases. Oncotarget. 2016 Jun 23. doi: 10.18632/oncotarget.10266.
(4) Qadir MI, Naqvi ST, Muhammad SA. : Curcumin: a Polyphenol with Molecular Targets for Cancer Control. Asian Pac J Cancer Prev. 2016;17(6):2735-9.
Concernant David Servan Schreiber, il ne faut pas oublier que grâce à son régime, il a vécu 11 ans quand on lui donnait « statistiquement » 3 à 6 mois avec son glioblastome de stade 4 ! Je pense que la différence est nettement significative.
Dans son livre « cancer: un traitement simple et non toxique » le Dr Laurent Schwartz écrit : il existe des milliers de recettes censées diminuer le risque de cancer. Certaines de » préventions » ont été testées à grande échelle . La liste est longue de cette succession d’échecs….tout cela ne fonctionne pas. »
Voilà ! Nul besoin d’autres commentaires.
Bonjour les préventions ne fonctionne pas ;;;;les regime peut etre
Etude scientifique ou pas, personnellement je n’y prête pas trop d’ importance!
Ce qui compte c’est toi!!
Tu te sens mieux ou pas en faisant le régime c’ est toi qui décide!
Je ne sais pas si le régime fait baisser, à lui seul, mon marqueur tumoral, ce dont je suis certain c’est que je supporte beaucoup mieux la chimio avec, alors je continue.
Je pense qu’il faut arrêter de se poser des questions! Il faut comprendre que la sciences (même si elle nous permet de prodigieux succès) ne fait pas tout et de par sa méthodologie en terme d’étude n’est pas appliquable à un régime alimentaire car, les études scientifiques se font habituellement en double aveugle! Ce qui est impossible avec un régime alimentaire, les scientifiques incriminent alors tout un tas d’élément qui influencent les participants (en particulier l’effet placébo) pour ne pas recevoir de conclusions suffisantes pour être qualifiées de scientifiques!
L’épilepsie n’est pas le cancer à ma connaissance! Vous confirmez donc ce que je savais déjà, à savoir qu’on tâtonne, on extrapole les bénéfices pour une maladie à une autre. Il faut une étude rigoureuse comme je l’indiquais plus haut: deux groupes de patients plus ou moins même âge, même type de cancer et même stade; L’un suit seulement le traitement chimio par exemple et l’autre chimio + régime cétogène et on compare l’évolution de la maladie dans les deux groupes. je suis désolé mais en dehors d’étude scientifique rigoureuse tout est pure supputation en ce qui concerne l’effet bénéfique du régime cétogène sur le cancer.
Bonsoir Eléonore,
Pâtisseries, crèmes glacées et pizzas ainsi que d’autres aliments contenant du sucre sont peut-être des saletés mais il n’en demeure pas moins vrai que ça peut faire partie d’un certain plaisir de la vie. Mais la question n’est vraiment pas là! Vous pointez juste une petite phrase de mon commentaire. Il s’agit juste de savoir si d’un point de vue strictement scientifique le régime cétogène est réellement efficace contre le cancer. Pas s’il est délicieux, s’il fait découvrir les joies de la cuisine ou s’il procure un bien être (tout ça étant très subjectif) mais si oui ou non il est vraiment efficace contre le cancer! Et pour cela il faut des études rigoureuses et pas des mots.
Je souhaite entre nous qu’il soit efficace car toute arme supplémentaire contre le cancer est la bienvenue. Il y a la foi, la croyance et puis il y a la science. J’ai l’impression qu’en ce qui concerne le régime cétogène on est pour le moment davantage dans le domaine de la foi plutôt que dans celui de la vraie science. Et j’aimerais tant que ce soit un jour confirmé par la science;
Mais il est confirmé par la science! en tout cas dans le domaine de l’épilepsie puisqu’il il est utilisé de puis plus de 100 ans dans les soins des enfants résistants aux traitements. doc du CHU de Strasbourg /
http://www.afdn.org/fileadmin/pdf/id-regime-cetogene.pdf
et le très bon doc de l’hôpital de Necker
http://meetochondrie.ibgc.cnrs.fr/colloques/colloque4/presentations_colloque/physio/delonlay.pdf
Pour le reste on tâtonne peut-être encore, quoique que ailleurs il est bien utilisé.
Bonjour,
Vlad et Daniel Evrard mettent le doigt sur un point essentiel en parlant de l’intérêt réel de certains produits et régime ainsi que des essais acceptés officiellement.
En effet on entend sur ce site beaucoup de témoignages à propos des produits Beljanski (personnage controversé faut-il le rappeler et tous les scientifiques controversés ne sont pas nécessairement victimes de collègues jaloux ou incompétents) ainsi que du régime cétogène. Mais souvent ces produits ou régimes sont pris en association avec les thérapies classiques: chimio, chirurgie, radiothérapie). Mais quelle est l’efficacité réelle de ces produits ou régime? Ont-ils une réelle valeur ajoutée? Pour le savoir il convient de comparer ce qui est comparable à savoir deux groupes de patients de plus ou moins même âge, souffrant du même type de cancer et plus ou moins au même stade; A un groupe on applique uniquement le traitement classique et au second groupe on adjoint par exemple le régime cétogène; Au bout de six mois puis d’un an, on voit l’évolution de la maladie dans les deux groupes et donc s’il y a une différence SIGNIFICATIVE entre les deux groupes et que celle-ci est en faveur du régime cétogène (qui est tout de même un régime drastique) alors on n’est plus dans l’hypothèse et dans le peut-être. Dans ce cas tous les oncologues devront en toute logique conseiller à leurs patients de suivre le régime cétogène qui fera partie intégrante de la thérapie. Dans le cas contraire faut-il continuer à conseiller un régime assez lourd à des patients qui doivent déjà supporter les désagréments des symptômes inhérents à la maladie ainsi que les effets secondaires des traitements classiques?
Bonsoir, Ben Slama
Non le régime céto n’est pas si lourd que ça à suivre, il est même délicieux et vous fais découvrir les joies de la cuisine (sauf si on ne veut pas lâcher les pâtisseries,les sodas, pizzas et autres saletés…). Par contre comme c’est rigoureux, si on veux qu’il soit efficace il ne faut pas s’amuser à faire le yoyo. Mais le bien être qu’il peut procurer peut suffire à convaincre de le continuer…
Oui, il est utile de comparer, d’analyser. Simplement, concernant les produits Beljanski, aussi controversé que l’est ce scientifique et ses produits, il n’en reste pas moins qu’il a ouvert une voie aussi. D’ailleurs, Beljanski est mort en 1998. Je rappelle que le Président Mitterrand avait fait appel à ses services. Est-ce que ceci démontre le sérieux de Beljanski ? Certes non. En revanche, aujourd’hui, si l’agence de santé Belge interdit les produits Beljanski, voici ce que l’on peut trouver de certaines études de ses produits :
« Des publications américaines , confirment l’effet anti-cancer du Pao pereira et du Rauwolfia vomitoria. Toutefois, ces publications sont relatives à des essais in vitro et in vivo. Ils ne sont donc pas suffisamment probants faute d’avoir été confirmés par des essais cliniques destinés à établir les bénéfices/risques. Ces contrôles sont indispensables pour déterminer la dose d’efficacité optimale chez l’homme, l’inventaire des risques toxicologiques, et si l’effet synergique constaté lors de ces essais où ont été introduits d’autres antinéoplasiques comme le Gem (gemcitabine), sont supérieurs aux protocoles déjà utilisés en pratique clinique courante. Ces résultats ne sauraient justifier pour les mêmes raisons, leur emploi dans certaines préparations en vente libre et dont le risque de toxicité est rappelé, le 31 janvier 2013, dans la note de l’Agence fédérale belge des médicaments et des produits de santé.
Une nouvelle étude écrite par les professeurs Jun Yu, Jeanne Drisko, Qi Chen, Inhibition of pancreatic cancer and potentiation of gemcitabine effects by the extract of Pao Pereira parait en mai 2013, confirmant l’action thérapeutique du Pao Pereira combiné au Gem dans le cancer du pancréas »… Sur cette dernière étude, on peut conclure que Beljanski a bel et bien ouvert une voie.
Bonjour ! Le texte de « slad » est ambigu (..c’est bien l’oncologue qui a été méprisant..)Mais je rejoins assez « slad », ayant eu le même parcours de découverte, utilisation positive des produits Beljanski et lecteur fan de JJServan Schreiber et maintenant du Pr Schwartz, dont j’ai, pour les deux auteurs distribué quelques exemplaires « pour convaincre » . Cela dit pourquoi le Docteur Schreiber ne s’est-il pas appliqué le régime cétogène (ou trop tard). Quand à » on ne saura jamais.. » militons pour des essais acceptés officiellement !
En fait le régime cétogène n’a quitté que depuis 5 ans le monde des enfants épileptiques, il n’était que peu connu et il est à parier que cet homme ne ne le connaissait tout simplement pas. Il a fait ce qu’il pouvait et a tracé une voie tout de même, un élément du puzzle…
Ce sont les livres du Dr Servan schreiber qui m’ont fait comprendre un peu ce qu’était un cancer. Puis le livre du Dr Schwartz » guérir tous les cancers » . Un cancer un tué ma femme. J’étais allé voir l’oncologie avec le livre du Dr Schwartz sous le bras en lui demandant de prendre contact. » ces gens là vivent de leurs livres et conférences. Ça fait bien longtemps qu’ils ne voient plus de malades. »
Ma femme prenait les produits Beljanski . Non pour guérir , – quoique il y a toujours un espoir- mais pour renforcer surtout les défenses immunitaires. On ne saura jamais l’intérêt de ces produits.